Le mercenaire

La direction de santé publique de la Chaudière-Appalaches a démontré que des travailleurs exposés aux normes, dites sécuritaires, de l'industrie de l'amiante ont développé une maladie liée à l’amiante (cancer du poumon, mésothéliome ou amiantose). La réponse de Serge Boilard, président du Mouvement Pro-chrysotile, met en lumière la malhonnêteté et le banditisme de cette industrie^[1].

Il faut se rendre à l'évidence, il existe bel et bien des personnes dans notre société qui sont prêts à mentir et à mettre la vie et la santé des gens en péril pour gagner de l'argent. Lorsqu’un procès a lieu et qu'une personne est condamnée, on a tendance à croire que c'est quelque chose qui appartient au passé. Malheureusement, nous sommes forcés de constater qu'au moment où j'écris ces lignes, au moment même où vous lisez ces lignes, des gens s’emploient sciemment à répandre des mensonges. Ils n’hésitent pas à mettre en danger la santé, la vie et la sécurité d'autres personnes pour leur profit personnel ou celui de leurs amis. On retrouve ces gens dans l'industrie de l'amiante, dans l'industrie du tabac, dans l'industrie des armes de guerre, dans l'industrie du jeu, dans l'industrie de la drogue, etc. Pour arriver à leur fins, c'est gens vont jusqu'à infiltrer les pouvoirs de notre société. Comment expliquer autrement que le gouvernement libéral de Jean Charest continue à appuyer une industrie qui propage la maladie et la mort à l'échelle internationale ?

Ce n'est malheureusement pas une question nouvelle. Élection après élection, la question se pose toujours de savoir si nos élus se seront montrés vulnérables au champ de sirène de ces bandits. Or nous sommes tous vulnérables. Ce qui arrive au parti Libéral aurait très bien pu arriver au parti Québécois ou à tout autre parti qui arrive au pouvoir y compris la CAQ ou Québec solidaire. La seule façon de se prémunir contre l'infiltration du banditisme dans nos institutions est de maintenir un débat critique et ouvert, fondé sur les faits et sur les données probantes. Si la science ne peut gouverner, elle doit cependant être partie de l'équation de toute décision qui implique notre vivre ensemble. Ainsi, les dernières coupures du gouvernement Harper dans l'ensemble du monde scientifique qui travaillait au niveau du gouvernement fédéral, ouvre largement la porte à toutes les influences de banditisme et de corruption des décisions collectives au profit personnel de quelques individus ou entreprises.

Les allégations de corruption dont fait objet le parti Libéral depuis quelques années, laisse croire que ce parti a perdu la sensibilité nécessaire pour continuer à gouverner en toute indépendance. Mais pour ne pas tomber dans le même panneau, le prochain gouvernement devra nécessairement se pencher sur les aspects structurels de cette question. Il faut prendre acte que les gens n'agissent pas toujours pour le bien commun. Il nous faut donc nous donner des balises, des façons de faire qui permettront d'intercepter les influences indues et de toujours donner priorité au bien commun. Parmi ces balises, on retrouve certainement l’introduction de la représentation proportionnelle pour permettre l'émergence et l’expression de toutes les nouvelles idées ; l'animation d'un débat citoyen sur les grandes questions (donc le renforcement des processus d’études environnementales, par exemple) ; le financement adéquat de la recherche et de la diffusion des connaissances (donc un financement indépendant et approprié de nos universités) ; la valorisation de la culture de transparence et de divulgation des intérêts des gens qui interagissent avec l'appareil d'État.

Finalement, le prochain gouvernement devra investir massivement dans l’éducation. Je ne parle pas ici des connaissances. Je parle de l’éducation qui transmet la compétence d’apprendre, qui permet de comprendre la fragilité du vivant et de l’absolue nécessité de privilégier le bien commun et la cohésion sociale et qui permet de développer les compétences citoyennes et de participation à notre gouverne collective. C’est un ingrédient essentiel à la survie de l’humanité.