16/08/2012 22:53

Journal de campagne - jours 15 et 16

Il arrive des jours où les activités se suivent à un rythme si intense que tu ne trouves pas le temps d’écrire. Les deux derniers jours ont été ainsi.

J’ai accompagné mon père à Longueuil pour rendre visite à sa sœur. Mes parents ont 89 ans tous les deux. Mon père, atteint de diabète, a développé une démence vasculaire qui progresse par à-coups depuis quelques années. Depuis six mois, il ne peut plus prendre soin de lui-même. Ma mère, qui a peu à peu pallié à sa perte d'autonomie, connaît elle aussi ses problèmes de santé et se fatigue de plus en plus rapidement. Vivant seuls dans leur appartement et soucieux de préserver leur intimité construite au fil de leurs 63 ans de vie commune, ils sont réticents à demander de l’aide. C'est ainsi que s’est installée la malnutrition, la prise erratique des médicaments, des épisodes de déshydratation et des chutes. La famille et les services de santé sont donc intervenus. Mes parents ont acceptés, finalement qu’ils ne pouvaient plus vivre seuls. C’est une réalité que nous préférons éviter de voir souvent mais, à moins de mourir rapidement au cours d’un accident ou au cours d’une maladie aigue, il faut admettre que la fin de la vie peut ressembler à son début mais parcourue à l’envers. Alors que l’enfant passe d’une dépendance complète à une autonomie de plus en plus grande, le vieillard peut voir son autonomie diminuer et s’installer une dépendance qui peut être complète au moment de la mort. Ce n’est pas facile à accepter. Cela exige alors la mobilisation de toute la famille et l’intervention de plus en plus fréquente des services de santé et des services sociaux. Actuellement, les services de soins à domicile de nos centres de santé de services sociaux sont rapidement débordés. Par ailleurs, les structures d'hébergement que nous offrons à nos aînés ne tiennent pas compte de leur vie de couple. Nous n'avons pas de services permettant à un couple, dont un des membres est en perte d'autonomie plus sévère que l’autre, de pouvoir recevoir des services qui leur permettraient de continuer à vivre ensemble jusqu'à la mort de l'un des deux partenaires. Seules les personnes très riches peuvent se le permettre. Québec solidaire a l'intention de s'attaquer sérieusement à cette question. Il faut d'abord renforcer sérieusement le système de maintien à domicile et en faire une priorité parmi les soins de première ligne. Il faudra aussi penser à des formules d'hébergement qui permettent aux gens qui vivent ensemble depuis plusieurs années, de pouvoir continuer à le faire au cours des dernières années de leur vie

La sœur de mon père a 94 ans. Elle a perdu son mari, il y a quelques années. Jusqu’à sa toute récente hospitalisation, elle vivait dans une maison pour personnes âgées. Elle était relativement autonome. Sa santé s'est rapidement détériorée. Bien installée dans une chambre de l’hôpital, entourée de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits enfants, elle reçoit des soins de confort. Malgré sa propre santé précaire, mon père tenait à aller la voir une dernière fois hier. Ils ont pu ainsi se souhaiter un bon voyage, l’un et l’autre…

Mes parents ne peuvent vivre seuls désormais. Un de mes frères, actuellement en chômage, prends soin d’eux. Le travail des proches-aidants est extrêmement exigeant. Une personne comme mon père, par exemple, se lève trois à cinq fois par nuits pour aller aux toilettes. Il faut alors que mon frère se lève aussi parce que, à tout moment, il risque de tomber. Les proches-aidants tombent rapidement en déficit de sommeil. En plus, ils doivent composer avec une charge émotionnelle importante. Ils s’occupent de personnes qui ont été très importantes dans leur vie. Dans le contexte du renforcement de la première ligne et des soins à domicile, le soutien des proches-aidants doit occuper une place privilégiée. Ce soutien peut se manifester d'une part par des conseils professionnels sur les meilleures pratiques. Tous les proches-aidants devraient avoir accès 24h/24h à une équipe de professionnels qui peuvent répondre à ses question et se déplacer rapidement à domicile au besoin. D'autre part, il faut prévoir des services de répit pour éviter l’épuisement des proches-aidants.

Ce matin, j'avais quelques rencontres à l'université, des rendez-vous pris depuis longtemps que je ne pouvais annuler à cause de la campagne. J’ai ensuite pris le temps de rencontrer un ami, Robert, qui s’occupe de la surveillance de la santé des mammifères marins de l’estuaire du Saint-Laurent. Robert est biologiste mais de plus en plus écologiste. C’est-à-dire qu’il est impossible de se préoccuper de la santé et du bien-être d’une population, qu’elle soit humaine ou animale, sans tenir compte de l’environnement qui permet cette vie. Le bien-être des bélugas est tributaire de la qualité de l’eau et de l’air de la vallée du Saint-Laurent. C’est aussi le cas des millions de québécoises et québécois qui habitent de part et d’autre du grand fleuve… C'est pourquoi, même si c'est embêtant quand vient le temps d'exploiter nos ressources et que ça prend du temps, il est essentiel de mener des études environnementales indépendantes et rigoureuses. L'eau et l'air sont des ressources essentielles à la vie et irremplaçables.  

 Je ne suis rentré à la maison qu'à la fin de la journée. Nous n'avons toujours pas reçu nos affiches et il y a plusieurs suivis à faire.

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